Robot-taxis en Europe : ce que les villes doivent exiger

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Rédigé par Isa

Isa, passionnée par la mobilité urbaine, partage des insights et tendances sur les taxis et VTC avec expertise et enthousiasme. 

Les robot‑taxis ne sont plus une idée futuriste. En Chine, Baidu a déjà fait passer le concept à l’échelle avec Apollo Go. La nouveauté, c’est que le géant chinois prépare maintenant un débarquement en Europe, avec une feuille de route qui s’accélère dès 2025 pour une expansion prévue à partir de 2026.

Ce que cela change pour nos villes, nos transports et nos règles du jeu, c’est ce que nous allons voir.

Ce que prépare Baidu avec Apollo Go

Un leader chinois qui vise l’Europe

En Chine, Baidu s’est imposé comme leader du robot‑taxi depuis le lancement d’Apollo Go en 2020. Le service opère déjà au sein de plusieurs villes avec une flotte active et des déploiements qui ne nécessitent plus de conducteur humain à bord. La nouvelle génération de véhicules autonomes — la sixième — a été pensée pour rouler sans supervision humaine, avec une pile technologique complète.

Pour l’Europe, l’ambition est de transposer ce savoir‑faire dans un cadre urbain différent, tout en respectant les règles locales.

Un partenariat clé avec Lyft

Pour mettre un pied solide en Europe, Baidu s’appuie sur un partenariat stratégique avec Lyft. L’objectif est clair : déployer des robot‑taxis sur des marchés majeurs comme Allemagne et Royaume‑Uni, où la demande de mobilité à la demande est forte.

Ce duo associe l’expertise technologique d’Apollo Go à l’expérience d’un acteur historique du ride‑hailing. En pratique, cela pourrait accélérer l’adoption, en intégrant l’autonomie là où l’infrastructure numérique et les usages sont déjà matures.

Pourquoi 2026 ?

Le calendrier répond à un mix de préparation industrielle et d’alignement réglementaire. D’ici fin 2025, Baidu prévoit de créer une entité locale en Suisse, point d’appui pour les tests et la conformité. 2026 devient alors l’horizon réaliste pour une expansion plus large, une fois les premiers pilotes validés et les processus d’homologation amorcés. ➡️ En clair :

  • 2025 : installation du cadre légal et opérationnel (entité en Suisse).
  • 2026 : montée en charge si les pilotes sont concluants et les homologations obtenues.
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Où et quand : calendrier et zones pilotes

Suisse et Turquie en éclaireurs

Suisse et Turquie apparaissent comme terrains de test privilégiés. En Suisse, la création d’une entité locale fin 2025 sert de tremplin juridique et opérationnel.

En Turquie, l’intérêt tient à la dynamique urbaine et à la volonté d’expérimenter des services de mobilité innovants. Ces pilotes doivent permettre d’ajuster l’offre Apollo Go aux spécificités locales avant de viser des déploiements plus vastes.

Allemagne et Royaume‑Uni en ligne de mire

En Europe de l’Ouest, Allemagne et Royaume‑Uni sont des marchés cibles, notamment via l’alliance avec Lyft. Leur poids économique, la densité urbaine et l’écosystème industriel en font des candidats naturels.

Ce sont aussi des pays où l’opinion publique suit de près les progrès des véhicules autonomes, ce qui peut accélérer l’adoption si la promesse de sécurité et de fiabilité est tenue. L’enjeu sera de concilier exigence réglementaire et vitesse d’exécution.

Une flotte 6e génération pensée pour l’urbain

Au centre du service, les véhicules autonomes de sixième génération visent un fonctionnement sans conducteur humain. L’architecture technique repose sur une redondance des systèmes et des algorithmes conçus pour la conduite urbaine complexe. C’est ce socle qui a permis à Baidu d’opérer au sein de plusieurs villes chinoises dès 2020 et d’y maintenir une flotte active.

L’enjeu européen sera d’adapter cette plateforme à des environnements routiers et culturels très variés.

Règles du jeu : Europe, Royaume‑Uni, Suisse, Turquie

Sécurité et responsabilité

Au sein de l’Europe continentale, l’homologation des véhicules autonomes s’appuie sur des normes communes, mais l’exploitation au quotidien relève encore beaucoup des États. Les autorités évalueront les exigences de sécurité, la responsabilité en cas d’accident et les conditions d’assurance avant tout déploiement étendu.

Au Royaume‑Uni, le cadre se précise avec une approche nationale dédiée, pensée pour encadrer l’autonomie tout en soutenant l’innovation. La Suisse et la Turquie appliquent des processus locaux qui, pour les deux situations, demanderont des preuves solides de fiabilité en conditions réelles.

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Données et vie privée

Les robot‑taxis collectent des données de capteurs et des informations de service qui peuvent être sensibles. Au sein de l’Union européenne, le RGPD impose un standard élevé sur la protection des données, l’anonymisation et la minimisation.

Le Royaume‑Uni maintient un niveau d’exigence comparable, tandis que la Suisse aligne largement ses pratiques sur les standards européens. En Turquie, l’encadrement existe, mais les modalités d’application au véhicule autonome feront l’objet d’une attention particulière, notamment sur le transfert et le stockage des données.

Processus d’homologation et calendrier

L’unification des règles reste incomplète et chaque pays conserve ses étapes d’homologation, ses pilotes encadrés et ses exigences de rapport d’incident. Cela peut créer des vitesses différentes d’un marché à l’autre, d’où la stratégie d’Baidu de démarrer par des pilotes ciblés.

Les villes candidates exigeront souvent une phase d’essai limitée géographiquement, avec des indicateurs clairs de sécurité et de qualité de service. La capacité à documenter, auditer et corriger rapidement sera déterminante pour 2026.

Et pour nous : bénéfices, emplois et villes

Sécurité, trafic et pollution

Si l’on en croit l’ambition affichée, les robot‑taxis visent une conduite plus prévisible et une réduction des erreurs humaines, première cause d’accidents. En fluidifiant le trafic, ils peuvent également contribuer à diminuer les embouteillages, surtout si l’algorithme optimise les itinéraires en temps réel.

La baisse potentielle des émissions vient d’une utilisation plus efficiente des flottes et d’une intégration avec des véhicules souvent électrifiés. À l’échelle urbaine, ces effets combinés pourraient améliorer la qualité de l’air et la sécurité routière.

Emploi et reconversion

L’arrivée de flottes autonomes pose la question de l’emploi, notamment pour les chauffeurs professionnels. Le court terme sera probablement hybride, avec des fonctions de supervision, d’entretien, de télésurveillance et d’assistance client à créer.

Les villes et les opérateurs gagneront à mettre en place des programmes de reconversion et de formation pour faciliter la transition. Mon astuce préférée pour les décideurs locaux : impliquer très tôt les partenaires sociaux pour co‑construire des passerelles professionnelles crédibles.

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Transports publics mis à l’épreuve

Les robot‑taxis peuvent compléter les transports publics en assurant le premier et le dernier kilomètre, y compris pour les personnes âgées ou en situation de handicap. Bien intégrés, ils renforcent l’attractivité du réseau sans le cannibaliser, surtout si la tarification et la planification sont coordonnées.

Des acteurs chinois comme WeRide explorent déjà d’autres formats, par exemple des minibus autonomes en France, ce qui montre la diversité des usages possibles. La clé sera de piloter ces services comme un écosystème, pas comme des silos concurrents.

Concurrence et dynamique du marché

Un paysage déjà en mouvement

Baidu n’arrive pas seul. D’autres acteurs chinois, dont WeRide, cherchent aussi à s’implanter en Europe avec des projets ciblés.

Cette émulation peut accélérer l’innovation, faire baisser les coûts et pousser les villes à clarifier les règles. Pour les usagers, c’est la promesse d’options plus variées et d’un service qui progresse rapidement.

Le rôle des villes et des citoyens

La technologie ne suffira pas. L’acceptation publique reste une inconnue, et la confiance se gagne avec des démonstrations concrètes et transparentes.

Les municipalités devront associer les habitants, publier des indicateurs de sécurité et encadrer les zones de test. À ce prix, l’adoption peut être durable et bénéfique.

Un cap clair, des étapes maîtrisées

Le plan de Baidu tient en trois temps : pilotes en Suisse et en Turquie, création d’une base légale en Suisse d’ici fin 2025, puis expansion européenne à partir de 2026 avec Lyft, d’abord en Allemagne et au Royaume‑Uni. ✅ La réussite passera par une conformité exemplaire, une transparence sur la sécurité et une intégration fine avec les politiques de mobilité urbaine. Sommes‑nous prêts à accueillir des robot‑taxis dans nos rues, et à quelles conditions voulons‑nous le faire ? À vous de jouer dans les commentaires.

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