La vitesse pure a un parfum unique sur le sel de Bonneville. Cette année, Liane Langlois a écrit une page d’histoire en établissant un record de vitesse moto homologué par la FIM à 219,403 km/h.
Première Canadienne à signer un record officiel de la FIM, elle devient aussi seulement la quatrième personne du Canada à y parvenir. Au-delà du chiffre, c’est une leçon de persévérance, d’ingénierie et de courage que nous explorons.
Portrait de Liane Langlois
D’Edmonton aux terres salées de Bonneville
Originaire d’Edmonton, Liane Langlois revient chaque année depuis onze ans aux Bonneville Salt Flats, au Utah. Ce désert de sel centenaire est un juge impassible, qui ne récompense que la constance et le travail.
Au fil des saisons, elle a cumulé les runs, affiné sa méthode et signé deux records nationaux aux États-Unis l’an dernier. Cette trajectoire patiente prépare le terrain au « grand jour » plutôt que de le laisser au hasard.
Double carrière, même exigence
À la maison, Liane Langlois n’est pas pilote à plein temps. Elle travaille comme conseillère principale chez Chrysalis, où elle accompagne des personnes en situation de handicap.
Ce double engagement demande une organisation millimétrée et une discipline mentale rare. Mais l’un nourrit l’autre : empathie, sens de l’équipe et rigueur se retrouvent sur le sel comme au bureau.
Une pionnière pour le Canada
Être la première Canadienne à décrocher un record FIM n’est pas anecdotique. Le Canada n’a vu que quatre pilotes atteindre une telle reconnaissance officielle en moto, toutes époques confondues.
Chaque réussite de ce type élargit l’horizon des plus jeunes et des femmes qui s’imaginent à leur tour au départ. C’est aussi un coup de projecteur sur la scène moto nordique, souvent à l’écart des géants américains.
Le record à Bonneville : décryptage
219,403 km/h : que signifient ces chiffres ?
Un record FIM, c’est une vitesse moyenne mesurée avec précision, généralement sur des runs aller-retour. Les 219,403 km/h témoignent d’une machine, d’un pilote et d’une fenêtre météo en cohérence parfaite.
Sur le sel, chaque détail compte : densité du sol, humidité, vent latéral, température des pneus. Une petite variation peut coûter une saison entière.
Le rôle de la FIM et du protocole
La FIM garantit un cadre technique et des procédures de chronométrage strictes. Ce label distingue un « bon run » d’un record historique, comparable à l’échelle mondiale.
Il impose des conditions d’homologation, des contrôles de machine et une répétabilité qui éliminent la chance. Pour le lecteur, ceci signifie que le chiffre de Liane Langlois est solide et durable.
Pourquoi Bonneville demeure mythique
Bonneville est un laboratoire à ciel ouvert depuis plus d’un siècle. Des légendes de l’auto et de la moto y ont testé les limites de la mécanique et de l’aérodynamique.
La surface offre de longues lignes droites où la puissance s’exprime sans compromis, mais elle punit l’excès de confiance. C’est un théâtre où la culture de la vitesse s’écrit encore, run après run.
Sous le carénage : la machine JKR Powersports
Un prototype taillé pour le sel
Pour ce record, Liane Langlois a roulé sur une machine sur mesure signée JKR Powersports, préparateur basé au Dakota du Nord. Trouver « la bonne » moto est une quête en soi : géométrie stable, aérodynamique propre et transmission calibrée pour tenir les longs rapports.
Le couple pilote–machine se construit patiemment à force d’essais et d’ajustements. Ici, la persévérance a enfin rencontré l’outil idéal.
Préparation, sécurité et réglages
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Inspection technique et contrôles avant chaque run
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Choix des pneus et pressions adaptées au sel
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Contrôle strict de la ligne de course et de la transmission
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Équipements de sécurité : casque, combinaison ignifuge, coupe-circuits, extincteurs
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Lecture du sel : repérer zones molles/dures et corriger en douceur
Mon astuce préférée pour suivre ces histoires ? Observer comment les équipes adaptent l’assiette de la moto et le rapport final selon la météo.
Persévérance, communauté et impact
Onze ans de retours chaque été
On ne « décroche » pas Bonneville en un week‑end. Liane Langlois a bâti ses résultats sur onze années de tentatives, de runs avortés, de météo capricieuse et de réglages complexes.
Ce marathon mental forge un sens du timing et de la prise de décision rare. C’est souvent le détail appris l’année N–3 qui fait la différence l’année N.
Levée de fonds et soutien local
Derrière chaque pilote, il y a des mécanos, des amis, des partenaires et des donateurs. Le financement sert à tout :
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Transport
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Pièces et carburant
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Droits d’inscription et pneus
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Sécurité et équipements
Ce tissu d’entraide transforme un rêve individuel en réussite collective. ➡️ Sans communauté, pas de record durable.
Les femmes qui redessinent la vitesse
La trajectoire de Liane Langlois s’inscrit dans la lignée de figures comme Jessi Combs et Denise Mueller-Korenek. Elles rappellent que la haute vitesse n’a pas de genre, mais elle a des modèles.
À mesure que la visibilité augmente, le design, le sponsoring et la formation s’ouvrent à de nouveaux profils. Le résultat est un écosystème plus riche et plus innovant.
Leçons à retenir
Gérer le risque sans le nier
La vitesse comporte une part de danger que l’on ne maquille pas. Les meilleures équipes l’acceptent et l’encadrent par la méthode : procédures, check‑lists, répétitions.
Pour nos projets, la même logique s’applique : réduire l’incertitude par la préparation plutôt que par le vœu pieux. Le courage n’est pas l’absence de peur, c’est la compétence face au risque.
Construire une progression durable
Le record de Liane Langlois n’est pas un coup d’éclat isolé, c’est l’aboutissement d’une progression longue. On peut transposer ce modèle à nos objectifs : jalons annuels, retours d’expérience et amélioration incrémentale.
La patience stratégique bat la précipitation, surtout quand le terrain est exigeant. C’est valable sur le sel comme pour l’innovation.
En final, ce record n’est pas seulement une ligne dans un palmarès. Il élève le profil du Canada à Bonneville, inspire une nouvelle génération et célèbre le mariage du cœur, de la tête et de la technique. Sommes‑nous prêts, nous aussi, à choisir un objectif ambitieux et à y revenir, saison après saison, jusqu’à ce qu’il cède ? ✅