La vague électrique n’épargne plus les sports motorisés. Des motos aux side‑by‑sides, les projets se multiplient et les réglementations poussent doucement vers l’abandon de l’essence. Dans ce contexte, une jeune pousse de Pittsburgh, Super Powers Mobility, propose un kit de conversion pour transformer un UTV thermique en UTV électrique.
Ce que nous allons voir, c’est si cette promesse tient la route, au sens propre comme au figuré.
Pourquoi l’élan EV touche aussi les powersports
Des grands noms déjà dans la course
Les signaux sont clairs : l’électrification des loisirs motorisés s’accélère. Des marques comme Can‑Am, Royal Enfield ou Polaris investissent dans l’électrique et préparent la prochaine génération de modèles. L’intérêt n’est pas seulement marketing : le couple instantané, le silence et la simplicité mécanique sont des atouts concrets pour le tout‑terrain.
Un parc thermique immense à convertir
En parallèle, le parc d’UTV à moteur essence est colossal. Des milliers de machines bien entretenues circulent encore et pourraient le faire longtemps… si le carburant reste bon marché et accessible. Or, entre la pression environnementale et les zones où le bruit devient un enjeu, la conversion électrique apparaît comme une voie praticable pour prolonger la vie de ces véhicules.
Super Powers Mobility : le pari du swap EV
Qui est derrière le projet
Super Powers Mobility a été fondée par un ancien ingénieur de Tesla, passé par le programme Cybertruck et familier du Honda Pioneer. L’équipe affiche un profil « terrain + véhicule électrique » qui rassure. Elle vise un volume de 500 à 1 000 unités sur 1 à 2 ans, avec une dizaine de clients « alpha » pour lancer la dynamique.
Ce que contient le kit et pour quels UTV
Le prototype présenté repose sur un Polaris RZR XP 1000. Le kit remplace l’intégralité de la chaîne thermique par :
- un moteur 470 V
- un pack batterie de 10 kWh (possibilité de doubler la capacité)
- une compatibilité annoncée « plug‑and‑play » avec les UTV à CVT
- une installation pensée pour être bouclée en 12 heures par un professionnel
Performances et sensations attendues
Côté chiffres, on parle d’environ 123 kW (165 hp) et 220 N·m (≈162 lb‑ft) de couple, soit un rendement qui change la donne pour un châssis de side‑by‑side. Le moteur ne pèse qu’environ 16 kg, ce qui favorise le rapport poids/puissance et la vivacité en reprise. Sur le papier, le facteur « fun » est bien là, sans la latence d’une boîte CVT et avec une réponse immédiate à l’accélérateur.
Autonomie réelle sur sentier : à quoi s’attendre ?
10 kWh, 39–53 km : suffisant ou frustrant ?
Annoncée entre 10 kWh (soit environ 39 à 53 km), l’autonomie est modeste. En usage rando tranquille et terrain fluide, on se rapprochera du haut de la fourchette. En dunes, grimpettes répétées ou roulage agressif, attendez‑vous à rester près du plancher.
Le double pack permet de doubler la distance, donc 78 à 106 km, ce qui change la journée… mais pèse aussi sur le budget et la masse.
Solutions de terrain et logistique de charge
Sur les sorties typiques de demi‑journée, la capacité simple peut suffire si on gère le rythme et le dénivelé. Pour les boucles plus longues, il faut anticiper. Trois pistes concrètes :
- organiser des points de charge mobiles aux départs de sentiers
- recourir à des modules batteries rapidement échangeables
- utiliser de petites remorques‑batteries pour l’assistance sur les longues traversées
Aucune n’est totalement opérationnelle partout, mais la communauté et les gestionnaires de spots peuvent accélérer l’écosystème.
Coûts, délais et viabilité marché
Prix du kit vs UTV clé en main
Le kit est annoncé à ≈ 26 700 €, avec une installation prévue sur une journée d’atelier. Un UTV converti « turn‑key » démarre à ≈ 46 000 € et inclut un cadre neuf, pare‑chocs, toit, portes, direction améliorée, roues/pneus et arbres de transmission ➡️ de quoi justifier l’écart si vous voulez repartir sur une base entièrement remise à niveau. Pour l’instant, les précommandes (≈ 92 € remboursables) sont ouvertes, sans date ferme de livraison.
Entretien, TCO et valeur de revente
L’argument majeur, c’est l’entretien réduit : pas d’huile moteur, de courroie de variateur à remplacer, ni de carburateur à décrasser. ✅ À l’usage, moins de pièces mobiles et moins de chaleur, c’est souvent moins de pannes. Le coût total de possession dépendra surtout de la longévité de la batterie et de son remplacement éventuel, ainsi que de la valeur de revente d’un UTV converti.
Un montage propre, documenté et réversible peut rassurer un acheteur futur.
Les défis d’une startup face aux OEM
Reste la bataille du réseau et de l’industrialisation. Les constructeurs historiques qui sortiront des UTV électriques d’usine joueront la carte de la garantie et de la distribution. Super Powers Mobility, de son côté, mise sur l’agilité, sur un temps d’installation court et sur la compatibilité large des UTV à CVT.
Sa feuille de route – 500 à 1 000 unités en 1 à 2 ans – est ambitieuse mais crédible si les premières conversions « alpha » tournent sans accrocs.
Faut‑il passer à l’électrique maintenant ?
Pour qui le swap a du sens aujourd’hui
Si vous roulez surtout en zones sensibles au bruit, si vous souhaitez des reprises fulgurantes et si vos sorties durent 2 à 3 heures, le swap EV est déjà pertinent. Les parcs privés, bases de loisirs ou opérateurs touristiques y verront aussi un intérêt en coûts d’exploitation et en image. Les propriétaires de Polaris RZR XP 1000 et d’UTV à CVT comparables sont une cible naturelle, d’autant que l’installation annoncée en 12 heures limite l’immobilisation.
Ce que nous surveillerons avant d’acheter
Deux points feront la différence : la maturité du pack batterie (cycle de vie, sécurité, disponibilité en pièces) et la logistique de charge sur vos spots favoris. On gardera également un œil sur les dates de livraison – les ≈ 92 € de précommande sont remboursables, c’est rassurant – et sur les premiers retours des clients « alpha ». Enfin, les évolutions réglementaires locales peuvent accélérer la bascule vers l’électrique… ou au contraire exiger des homologations spécifiques.
La proposition de Super Powers Mobility coche les cases qui comptent : puissance, simplicité, rétrofit du parc existant et promesse d’un entretien allégé. Son talon d’Achille, c’est l’autonomie, acceptable en loisir court mais à planifier dès que l’on rallonge la boucle.
La vraie question, au fond, n’est pas « si » mais « quand » l’UTV électrique deviendra la norme. Allez‑vous miser dès maintenant sur un kit de conversion bien né, ou attendre la riposte des OEM avec des modèles d’usine plus standardisés ? Nous sommes curieux de lire vos retours et vos scénarios d’usage.