L’industrie aéronautique allemande est en émoi. La start-up munichoise Lilium, spécialisée dans le développement d’avions électriques à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL), n’a pas réussi à obtenir le prêt de 50 millions d’euros sollicité auprès du comité budgétaire allemand. Ce refus, qui fait disparaître cet enjeu des futures ordres du jour, soulève de nombreuses interrogations tant sur la stratégie de Lilium que sur les politiques industrielles en vigueur en Allemagne.
Un soutien initial mais des promesses non tenues
Lilium avait précédemment vu le gouvernement bavarois s’engager à lui octroyer 50 millions d’euros, sous condition de financement équivalent de la part du gouvernement fédéral. Cependant, cet engagement apparaît désormais incertain, renforçant les doutes sur l’avenir de la start-up.
Frank Schäffler, le rapporteur de la FDP, a exprimé des réserves quant à l’aide accordée à Lilium, arguant des risques considérables pesant sur l’État fédéral. Il a suggéré que la Bavière devrait « assumer seule le financement », mettant ainsi en lumière une fracture dans la solidarité intergouvernementale pour soutenir des initiatives innovantes.
Lilium à la recherche d’une bouée de sauvetage financière
Pour continuer ses opérations, Lilium cherche un prêt d’au moins 100 millions d’euros. Ce besoin de liquidités découle d’un examen approfondi réalisé par la banque de développement KfW, qui devait évaluer les contours d’une garantie d’État.
Actuellement, la société emploie 850 personnes. Il est alarmant de constater qu’elle n’a pas encore généré de revenus. Depuis sa création, Lilium a déjà absorbé 1,5 milliard d’euros de ses investisseurs. Les besoins de capitaux futurs sont estimés entre 300 millions et 500 millions d’euros d’ici 2026, nécessaires pour obtenir la certification de type requise pour ses appareils. Cette situation soulève des inquiétudes quant à la viabilité financière de l’entreprise dans les mois à venir.
Des projets prometteurs, mais une réalité financière difficile
Malgré ses difficultés, Lilium dispose d’une commande significative de 50 eVTOLs en provenance d’Arabie Saoudite. Cet engagement témoigne d’un potentiel commercial indéniable, mais souligne également le défi colossal que représente le financement nécessaire pour passer à la production.
Le premier vol habité de l’appareil de Lilium est programmé pour 2025. Cependant, avec des incertitudes persistantes autour des financements, la capacité de l’entreprise à respecter ce calendrier est d’ores et déjà mise en question. Le refus d’octroi de financement par le gouvernement renforce les obstacles auxquels Lilium est confrontée dans un secteur déjà hautement compétitif et exigeant en capital.
Les répercussions sur la stratégie industrielle allemande
Le revers subi par Lilium soulève des questions plus larges concernant la stratégie industrielle allemande, particulièrement en matière de soutien public aux start-ups innovantes. Ce cas met en lumière une hésitation de l’État à s’engager financièrement dans des projets à haut risque, pointant une tendance qui pourrait freiner l’essor de l’innovation dans des secteurs clés.
Les dirigeants de Lilium devraient prochainement faire une déclaration publique pour aborder cette situation critique. Les propos qui seront tenus pourraient influencer non seulement l’avenir de l’entreprise, mais aussi l’approche du gouvernement allemand vis-à-vis des start-ups innovantes dans le domaine de l’aéronautique.
Une période d’incertitudes pour Lilium
Lilium se trouve à un carrefour décisif de son histoire. La combinaison de défis financiers et d’un contexte politique incertain pourrait bouleverser l’avenir de la start-up. Si elle parvient à surmonter ces obstacles, cela pourrait raviver l’espoir d’un changement dans le transport aérien. En revanche, un échec à sécuriser les financements nécessaires pourrait signifier la fin des ambitions de cette entreprise à la pointe de l’innovation aéronautique allemande.